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Manca un minuto a mezzanotte in questo mondo.

di Zébulie Berger

Manca un minuto a mezzanotte in questo mondo.

Stanotte, i miei occhi cercano la campana delle stelle e la filastrocca che avevamo composto, un verso ciascuno. Ti ricordi, tanto tempo fa…

I nostri giovani cuori battevano forte e stavamo attraversando il cielo in dieci sguardi. Abbiamo toccato le stelle con la nostra risata cristallina e l’eco della luna ha illuminato i nostri volti. Il cielo era nostro, nel sonno del mondo come un parco giochi, un bosco profumato, una spiaggia immensa. Erano giochi infiniti e sogni infiniti. Era la primavera delle nostre vite, delle nostre speranze infantili.

Manca un minuto a mezzanotte in questo mondo.

Dove sei, compagno di epiche segrete, silenziose e gustose?

Lo sai, lo sai che mi sono perso in questo piccolo mondo… Per finire, riderai. Non possiamo perderci, pensi. Eppure… ti ho perso.

Posso ancora vederti, i tuoi occhi azzurri d’acciaio che accarezzano ogni stella con un sorriso, ogni atomo con un restringimento delle tue palpebre…

Dove sei ? Tu, un minuto dal giorno dopo?

Cammino attraverso il nostro asilo, saltellando tra le stelle, facendo scorrere la mano sul cancello della Via Lattea in modo che risuoni di nuovo. L’odore della notte disturba i miei sensi e i miei piedi calpestano la sabbia nera.

Devo sollevare ogni stella come le pietre dei torrenti, devo bussare al gong della luna per farti apparire, devo abbracciare il collo dell’orso grande perché mi dia il tuo segreto?

Devo urlare in questo nulla che accoglierà i miei scoppi di voce come frammenti di una cometa?

Questa filastrocca, la nostra filastrocca, saltare con entrambi i piedi e senza paura, il giorno dopo.

Manca un minuto a mezzanotte in questo mondo…

Tra un minuto, il giorno dopo.

Il mondo dopo.

Il est minuit moins une en ce monde.

Cette nuit, mes yeux cherchent la marelle des étoiles et la comptine que nous avions composée, un vers chacun. T’en souviens-tu, il y a si longtemps…

Nos jeunes cœurs battaient fort et nous enjambions le ciel en dix regards. Nous touchions les astres de nos rires cristallins et la lune en écho éclairait nos visages. Le ciel était à nous, dans le sommeil du monde comme une cour de recréation, une forêt odorante, une plage immense. C’était des jeux sans fin et des rêves d’infini. C’était le printemps de nos vies, nos espoirs enfantins.

Il est minuit moins une en ce monde.

Où es-tu, toi, compagnon d’épopées secrètes, silencieuses et savoureuses ?

Sais tu, sais tu que je me suis perdue dans ce petit monde minuscule… Le comble riras-tu. On ne peut se perdre, penses tu. Et pourtant… je t’ai perdu.

Je te revois encore, tes yeux bleus acier caressant chaque étoile d’un sourire, chaque atome d’un plissement de tes paupières…

Où es-tu ? Toi, à une minute du jour d’après ?

Je parcours notre jardin d’enfants, à cloche-pieds entre les étoiles, passant ma main sur la grille de la voie lactée pour qu’elle résonne à nouveau. L’odeur de la nuit trouble mes sens et mes pieds foulent le sable noir.

Dois-je soulever chaque étoile comme les pierres des torrents, dois-je toquer au gong-lune pour te faire apparaître, dois-je enlacer le cou de la grande ourse pour qu’elle me livre ton secret ?

Dois-je hurler dans ce néant qui accueillera mes éclats de voix comme des fragments de comète ?

Cette comptine, notre comptine, pour sauter à pieds joints et sans peur, à la minute du jour d’après.

Il est minuit moins une en ce monde…

Dans une minute, le jour d’après.

Le monde d’après.

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